Faire face à l’inexorable inflation réglementaire
L’inflation règlementaire ne faiblit pas : les textes qui s’imposent aux entreprises sont de plus en plus nombreux tandis que ceux déjà en vigueur font l’objet d’adaptations régulières. A tel point que la conformité est devenue pour les dirigeants, l’un de leurs piliers stratégiques au même titre que la croissance, l’optimisation des ressources et des investissements, la fidélisation des clients et des collaborateurs… Qu’il s’agisse de la protection des données (RGPD et ses équivalents mondiaux), de la lutte contre le blanchiment d’argent (LCB-FT), des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), ou des réglementations sectorielles spécifiques, le volume et la complexité des lois et régulations n’ont cessé de croître. Les entreprises opèrent dans un maquis juridique très dense, où chaque infraction peut entraîner des répercussions transfrontalières.
Outre l’inflation réglementaire, trois autres tendances poussent à considérer la conformité comme stratégique. D’abord, l’accroissement de la responsabilité des dirigeants, de plus en plus tenus personnellement responsables des manquements en matière de conformité. Ensuite, une demande croissante de transparence, de la part des clients, des investisseurs, des fournisseurs… Enfin, la digitalisation et les cyber-risques fragilisent les organisations. Les cyberattaques et les fuites de données sont en effet souvent le résultat d’une non-conformité aux normes de sécurité.
Quand le compliqué devient complexe
La véritable rupture est discrète mais profonde : nous sommes passés d’un mode « compliqué » à un mode « complexe ». Une évolution difficile à percevoir pour de nombreux dirigeants, tant la nuance entre les deux notions semble ténue. Et pourtant, c’est précisément cette différence qui rend aujourd’hui la conformité si difficile à maîtriser.
- Le « compliqué » correspond à ce qui est difficile à appréhender, à comprendre ou à analyser. C’est typiquement le cas des multiples réglementations. Heureusement, un système compliqué peut se décomposer en unités élémentaires pour faciliter la compréhension, par exemple des articles de lois dont on peut plus facilement comprendre le sens et la portée.
- Le « complexe » intervient lorsqu’il y a beaucoup de relations ou d’intrications entre les composantes d’un système, ce qui rend très difficile la compréhension de l’ensemble et son évolution. Parce que tous les éléments sont corrélés sans que l’on sache, a priori, et de façon certaine, comment chacun interagit avec les autres ! Dans le domaine de la conformité, les deux coexistent : il est « compliqué » de comprendre les règlementations, il est « complexe » de les mettre en œuvre avec toute la rigueur nécessaire. C’est même de plus en plus complexe, dans la mesure où une même réglementation, notamment celle sur la LCB-FT, concerne de multiples processus dans les entreprises (la finance, les RH, la logistique, les relations avec les fournisseurs et les clients…).
Face aux fraudes toujours plus nombreuses, reconfigurer les processus
La complexité est à la fois interne et externe. En interne, elle découle des interactions croissantes entre les différentes entités d’une organisation, combinées à l’explosion des volumes de données à traiter. En externe, elle s’accentue face à l’évolution constante des techniques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, qui doivent être prises en compte dans tous les processus de LCB-FT. Cette pression s’exerce dans un contexte où les tentatives de fraude ne cessent de se multiplier. D’après une étude Biocatch, 71 % des responsables de la lutte contre les fraudes confirment leur augmentation en 2024 tandis que 59 % d’entre eux assurent que leur coût global a progressé. Les conséquences sont lourdes : plus de la moitié des banques françaises déclarent perdre chaque année plus de 10 millions d’euros à cause de la fraude, 38 % estimant leurs pertes entre 10 et 24,9 millions d’euros par an, et 13 % dépassant les 25 millions.
Garantir la conformité : un enjeu de plus en plus difficile à atteindre
Les entreprises prennent pleinement conscience de cette montée de la complexité. D’après une étude menée en 2025 par OnePoll pour Splunk, auprès de 500 managers français d’entreprises de plus de 250 salariés, plus d’un sur deux (53 %) déclare avoir rencontré des difficultés pour rester en conformité avec les réglementations au cours des trois dernières années. Et ce n’est pas fini : 61 % estiment que cette mise en conformité sera encore plus difficile à l’avenir. Une autre étude, publiée par le cabinet PwC en mai 2025, confirme encore plus cette tendance : pour les entreprises, la complexité réglementaire et la complexité organisationnelle sont désormais les deux principaux défis à relever.
Les coûts de la conformité explosent
Le problème, c’est que l’injonction à la conformité, lorsqu’elle n’est pas pleinement anticipée ou maîtrisée, peut coûter très cher. Selon l’enquête 2024 de PwC sur la LCB en Europe, 51 % des entreprises ont vu leurs coûts de conformité augmenter de plus de 10 % en 2022 et 2023. En moyenne, ces coûts ont progressé de 14 %, principalement en raison des investissements nécessaires en personnel et en technologies. Et la tendance ne faiblit pas : 55 % des établissements interrogés prévoient d’augmenter leurs budgets de plus de 10 % au cours des deux prochaines années.
La non-conformité n’est plus une option
Ignorer les règles n’est plus une option. Par le passé, certaines entreprises tentaient encore de faire l’impasse, en misant à tort sur leur capacité à échapper aux sanctions. Aujourd’hui, le non-respect des réglementations entraîne des conséquences financières quasi immédiates… mais pas seulement. Les répercussions vont bien au-delà des simples amendes : elles touchent aussi quatre dimensions clés de l’entreprise, le réglementaire, l’opérationnel, la réputation et les opportunités business.
Le coût réglementaire : attention aux amendes !
C’est l’aspect le plus visible et souvent le plus redouté : les amendes infligées par les autorités de régulation peuvent atteindre des montants colossaux. Pour les grandes entreprises, ces sanctions se chiffrent parfois en dizaines, voire en centaines de millions d’euros, et peuvent représenter un pourcentage significatif du chiffre d’affaires global. À cela s’ajoutent les frais juridiques pour se défendre, ainsi que les coûts d’une mise en conformité imposée dans l’urgence, bien plus élevés que s’ils avaient été anticipés. Le secteur bancaire en est un exemple frappant : en 2024, il a dû régler 3,2 milliards d’euros d’amendes pour des manquements liés à la surveillance des transactions, à la mise à jour des dispositifs de conformité, ou encore à l’absence de déclaration d’activités suspectes.
Le coût opérationnel : l’activité en péril ?
Au-delà des sanctions financières, la non-conformité peut aussi provoquer des interruptions d’activité majeures. Cela peut aller de la suspension de licences notamment dans le secteur financier, à l’interdiction d’opérer sur certains marchés, voire au retrait de produits. Ces interruptions entraînent des pertes de revenus immédiates, mais aussi des coûts importants pour corriger les failles : révision des processus, remédiation technique, formation des équipes… La productivité en prend un coup, car les ressources sont détournées des activités à forte valeur ajoutée pour être mobilisées en mode cellule de crise.
Le coût réputationnel : l’image de marque n’a pas de prix
La médiatisation de sanctions ou de manquement à la conformité écorne de façon durable l’image de l’entreprise et sa réputation, vis-à-vis de ses clients, de ses partenaires, de ses actionnaires et de ses fournisseurs. La situation de crise que cela entraîne est difficile à gérer, et coûte en frais d’avocats, d’honoraires de communicants, d’achats d’espaces publicitaires…
Le coût d’opportunité : un frein silencieux a la croissance
Moins visible que les amendes ou les interruptions d’activité, le coût d’opportunité n’en reste pas moins redoutable. Il représente tout ce que l’entreprise ne peut plus faire lorsqu’elle est accaparée par une crise de conformité. Une société sous enquête ou frappée d’une lourde sanction voit sa capacité à attirer des investisseurs, à conclure de nouveaux contrats ou à explorer de nouveaux marchés sérieusement compromis. Les budgets initialement prévus pour innover, s’étendre ou améliorer l’expérience client sont redirigés vers la gestion de crise, au détriment du développement.
La difficulté à absorber des volumes de données toujours plus importants reste l’une des difficultés majeures de la gestion de la conformité : les deux tiers des entreprises interrogées dans l’étude Onepoll la mentionnent comme la deuxième contrainte la plus importante, devant l’évolution constante de l’environnement réglementaire (56 %).
Réduire les coûts, absorber les données : pensez Regtech !
Face à la croissance des volumes de données et à l’augmentation constante des coûts de conformité, l’automatisation apparaît comme une solution efficace. AP Solutions IO est une RegTech proposant des outils performants et automatisés s’appuyant sur diverses technologies éprouvées, telles que l’intelligence augmentée, le Big data, l’analyse des flux en temps réel, des API, la cybersécurité, la protection des données… Ces technologies contribuent à réduire les coûts de la conformité, dont on a vu qu’ils progressent régulièrement et pèsent sur les marges des entreprises.
L’automatisation et la digitalisation des processus de conformité agissent directement sur les quatre grandes sources de coûts :
- Le coût réglementaire diminue grâce à une réduction significative du risque de non-conformité et des lourdes amendes qui en découlent.
- Le coût opérationnel est contrôlé par une meilleure efficacité des équipes dédiées, tout en évitant les pertes de revenus liées aux interruptions d’activité.
- Le coût réputationnel se limite par une conformité renforcée, préservant la confiance des clients, partenaires et investisseurs.
- Le coût d’opportunité se réduit en libérant des ressources précieuses, réorientées vers l’innovation et la croissance.
De quoi rééquilibrer la balance entre coûts et bénéfices : avec les bonnes technologies, les coûts diminuent tandis que la valeur créée augmente. Ce qui était jusqu’alors un centre de dépenses (de la conformité) devient peu à peu un véritable levier de création de valeur, grâce à une conformité bien mieux maîtrisée !
Les entreprises peuvent ainsi appliquer en toute confiance les quatre piliers d’une politique de conformité efficace :
- anticiper les risques,
- prévenir les fraudes et transactions suspectes,
- détecter rapidement tout comportement anormal,
- agir sans délai pour limiter les impacts.
