La fraude serait-elle devenue endémique ? Tout le laisse supposer : selon une étude de PWC et de la DFCG (Association des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion), sept entreprises françaises sur dix auraient subi au moins une tentative de fraude en 2022. Le chiffre passant à neuf sur dix pour les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 100 millions d’euros. Malgré le renforcement des règlementations, notamment dans le secteur financier, les taux de fraude et de criminalité économique se maintiennent à des niveaux importants : au cours des 24 derniers mois, 41% des entreprises au niveau mondial y ont été victimes comme le révèle le Global Economic Crime Survey 2024 de PWC. La Direction de l’information légale et administrative de la République française, quant à elle, estime que 63% des entreprises françaises auraient subi au moins une tentative de fraude en 2023.
Des risques diversifiés
La typologie des fraudes est très large : détournements d’actifs, contrefaçons, escroqueries, fraudes comptables (faux fournisseurs, faux RIB, fraudes au Président), corruption, vol d’informations, phishing… Et les coûts sont énormes pour les victimes : pour l’ACFE (Association of Certified Fraud Examiners), cela représenterait, au niveau international, l’équivalent de 5% du chiffre d’affaires des entreprises, avec une perte moyenne de 1,7 million de dollars. Si on y ajoute au total les fraudes fiscales et sociales (20 milliard d’euros par an rien que pour la France), le phénomène est devenu très inquiétant.
Enjeux, opportunités, risques : les trois points de focalisation des fraudeurs
Un fraudeur va porter son intention sur trois éléments, que l’on retrouve d’ailleurs dans tous types de délits : l’enjeu, l’opportunité et le niveau de risques.
L’enjeu peut être financier, mais pas uniquement, il peut s’agir d’une usurpation d’identité ou d’un moyen d’accès de façon illicite à des informations confidentielles. Cela explique, par exemple, pourquoi les grandes entreprises sont davantage ciblées (neuf sur dix selon l’étude PWC-DFCG, contre sept sur dix en moyenne).
L’opportunité qui réside dans la capacité à exécuter un mode opératoire de fraude, facile ou plus difficile à réaliser.
Le niveau de risque qui détermine la probabilité que le fraudeur soit identifié et condamné. Si un enjeu financier se conjugue avec une opportunité/facilité à frauder et qu’il n’y a guère de risques, la tentation sera grande de passer à l’action.
Rappelons que, dans le domaine des fraudes, cinq postulats s’appliquent :
- Tout système ou processus comporte au moins une faille (technique, humaine, organisationnelle…).
- Cette faille est susceptible d’être découverte à plus ou moins long terme, en interne (salariés, consultants) ou en externe (sous-traitants, hackers, concurrents…).
- Une faille susceptible d’être découverte le sera un jour ou l’autre, mais on ne sait jamais quand.
- Quiconque a accès à cette faille (en interne ou en externe) sera tenté de l’utiliser.
- Si les risques sont faibles, cette faille sera exploitée.
C’est pour cette raison que les fraudes internes sont significatives et représentent environ la moitié des cas.
L’IA, une menace majeure, accélératrice des fraudes
Avec l’essor de l’intelligence artificielle, les fraudes prennent une tout autre dimension, s’industrialisant à grande échelle. Le titre de l’étude d’Allianz en est d’ailleurs révélateur : « Fraudeurs artificiellement intelligents ». Selon Deloitte, les pertes liées aux fraudes impliquant des deepfakes générés par l’IA se sont élevées à 12 milliards de dollars en 2023 aux États-Unis, un chiffre qui pourrait grimper à 40 milliards d’ici 2027. L’IA permet en effet aux cybercriminels de toucher un grand nombre de victimes avec un minimum de moyens.
Prévention, détection, réaction : les trois piliers de la lutte contre les fraudes
Même si le constat est préoccupant, il est tout à fait possible de réduire les fraudes en s’appuyant sur une stratégie articulée autour de trois piliers complémentaires : la prévention, la détection et la réaction.
Etape 1 : Agir avant qu’il ne soit trop tard : prévenir la fraude collectivement
La prévention repose d’abord sur une communication claire et une sensibilisation active de toutes les parties prenantes. Il s’agit de les former aux techniques de fraude, aux bons réflexes face aux tentatives de phishing, aux exigences de conformité, et à l’importance de la lutte contre le blanchiment. Pour être efficace, cette démarche doit s’inscrire dans une véritable culture d’entreprise orientée vers la gestion des risques et leur prévention. L’élaboration de chartes éthiques et de codes de conduite constitue un levier essentiel dans cette transformation. Prévenir, c’est aussi investir : dans l’analyse des risques, dans des outils de cybersécurité robustes, notamment pour le contrôle des accès. Il est aussi crucial de structurer les processus de manière à éviter qu’une seule personne en détienne la maîtrise complète.
Objectif : rendre la fraude plus difficile
Etape 2 : Garder une longueur d’avance : repérer les fraudes dès les premiers signes
La détection s’appuie sur plusieurs leviers : audits réguliers des processus, des transactions financières, et des accès aux systèmes d’information. Elle nécessite également des compétences solides en audit interne et en analyse de données. Mais le nerf de la guerre reste la mise en place d’un système d’alerte en temps réel, capable d’identifier toute activité suspecte : anomalies sur les comptes clients ou fournisseurs, virements inhabituels, incohérences dans les RIB, etc. C’est souvent là que le bât blesse : de nombreuses organisations sont trop lentes à réagir. Selon l’ACFE, une fraude reste active en moyenne douze mois avant d’être détectée. Autant de temps laissé à l’attaquant pour agir en toute discrétion.
Objectif : rendre la fraude plus risquée
Etape 3 : Limiter les dégâts : la clé d’une réponse antifraude efficace
Une fois la fraude détectée, la réaction doit être rapide, structurée et exemplaire. Cela permet de limiter les conséquences à la fois directes (pertes financières) mais aussi indirectes (impacts juridiques, réputation de l’organisation, pertes d’exploitation). Une réaction efficace suppose de disposer de capacités de gestion de crise et de pouvoir investiguer les modes opératoires.
Objectif : limiter les préjudices pour rétablir la confiance (des clients, des collaborateurs, des partenaires…) et montrer une détermination pour éradiquer les fraudes et les tentatives de fraude
Pour remplir ces trois besoins fondamentaux (prévention, détection, réaction), il est essentiel de s’équiper des bonnes solutions logicielles, qui proposent les fonctionnalités pertinentes de lutte contre les fraudes :
- Prévenir la fraude : si la prévention repose sur la sensibilisation et l’évolution de la culture d’entreprise, il est essentiel de mesurer le degré de conformité, par exemple avec la solution AP Scoring. Grâce à de puissants algorithmes, elle analyse les données clients et leurs transactions financières afin d’identifier le niveau de risque.
- Détecter la fraude : la solution AP Monitoring permet de surveiller et de signaler les opérations suspectes en temps réel. Ainsi, les signaux d’alerte ne passent plus inaperçus.
- Réagir face aux fraudes : avec l’identification en temps réel des transactions suspectes d’AP Scoring et d’AP Monitoring, lorsqu’une fraude est détectée, chaque minute compte. Plus la réaction est rapide, plus les dégâts sont limités. C’est souvent ce qui distingue les entreprises bien préparées de celles qui naviguent à vue. Avec les bons outils et des process clairs, on peut agir vite, contenir l’attaque… et éviter le pire.
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