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L’AMLA (AntiMoney Laundering Authority) est la toute nouvelle autorité européenne dédiée à la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme (LCBFT). Créée en 2024, elle renforce les dispositifs européens existants en centralisant l’analyse des risques et la coordination entre États membres.
L’Union européenne a longtemps laissé chaque État membre piloter seul la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Résultat : des règles communes, mais des pratiques inégales, des contrôles disparates et des failles bien connues des fraudeurs.
C’est ce décalage entre le droit et son application qui a motivé la création d’une autorité centralisée. L’AMLA a été pensée pour corriger ces écarts, harmoniser les exigences, et réagir vite face aux manquements graves, en particulier lorsqu’ils concernent des groupes financiers à dimension transnationale.
La Commission européenne l’a exprimé clairement dans son plan d’action de 2020 : l’absence de supervision européenne efficace freine la capacité des États à prévenir les flux illicites.
Avec l’AMLA, l’objectif est donc clair : instaurer une autorité indépendante, proactive et dotée d’un pouvoir direct, capable de poser les mêmes exigences à tous, sans distinction de frontière ni de juridiction.
Les nouvelles responsabilités de l’AMLA
L’arrivée de l’AMLA marque un tournant dans la gouvernance européenne de la conformité bancaire. L’objectif n’est plus uniquement de renforcer les obligations réglementaires, mais de garantir une application uniforme, coordonnée et réactive dans tous les États membres.
Supervision directe des entités à haut risque
L’AMLA exerce une supervision directe sur les établissements financiers présentant un profil de risque élevé, notamment ceux opérant dans plusieurs pays de l’Union. Cette compétence vise en priorité les banques, fintechs, prestataires de services crypto ou sociétés de paiement. Les entités seront sélectionnées selon des critères définis dans le règlement européen :
- Volume d’activité
- Exposition aux risques
- Caractère transfrontalier
L’AMLA pourra mener des inspections, imposer des plans correctifs et appliquer des sanctions administratives.
Coordination des cellules de renseignement financier
L’AMLA devient ainsi l’autorité de référence pour la coordination des FIU (cellules de renseignement financier) des 27 États membres. Elle centralisera les échanges, soutiendra les enquêtes conjointes et assurera l’interopérabilité des outils comme FIU.net. Cette coordination vise à renforcer la traçabilité des flux financiers suspects circulant entre plusieurs juridictions.
Élaboration de normes harmonisées
L’AMLA est également chargée de produire des normes techniques réglementaires (RTS) et des standards d’application (ITS) contraignants. Ces textes encadrent les contrôles internes, les seuils de vigilance, l’évaluation des profils clients ou encore la collecte de données. Objectif : un cadre réglementaire unifié dans toute l’Union européenne.
Pouvoir de sanction et d’injonction
L’AMLA dispose d’un véritable pouvoir disciplinaire. Elle pourra infliger aux entités supervisées des sanctions administratives pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial ou 10 millions d’euros, selon le montant le plus élevé. En complément, elle aura la capacité d’adresser des injonctions directes aux autorités nationales jugées défaillantes dans leur mission de supervision. Cette double compétence (financière et institutionnelle) marque une évolution majeure dans l’arsenal européen de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
Création d’une base de données européenne
Enfin, l’AMLA pilotera le développement d’un référentiel commun AML/CFT. Alimenté par les FIU, ce système centralisera les données utiles à la surveillance des flux suspects, facilitera la détection précoce des schémas complexes, et renforcera la vigilance opérationnelle.
En résumé, l’AMLA agit comme une autorité centrale, technique et décisionnaire, dotée de compétences opérationnelles, normatives et disciplinaires. Pour les acteurs du secteur financier, son arrivée implique une adaptation rapide et une mise à niveau des dispositifs existants.
Impacts pour les établissements financiers et non-financiers
L’arrivée de l’AMLA marque un tournant dans la manière dont les acteurs européens, financiers comme non-financiers, doivent concevoir la conformité réglementaire. La nouvelle autorité concentre une partie de la supervision auparavant exercée par les régulateurs nationaux et impose une approche plus homogène, plus rigoureuse, mais aussi plus exigeante.
Pour les établissements financiers
Les banques, établissements de paiement, fintechs ou encore prestataires de services sur actifs numériques sont en première ligne. L’AMLA assurera une supervision directe de certaines entités jugées à haut risque, notamment celles qui opèrent dans plusieurs États membres. Cela implique des contrôles renforcés, des inspections ciblées et une évaluation centralisée du dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Mais au-delà de cette supervision directe, l’ensemble du secteur devra se conformer à un socle commun d’exigences défini par l’AMLA : normes techniques, lignes directrices, obligations de traçabilité et de reporting. Les établissements devront démontrer leur capacité à identifier les risques comportementaux, à documenter les anomalies et à transmettre des données exploitables en temps réel.
Pour les entités non-financières
L’AMLA aura également un impact structurant sur les professions assujetties hors secteur bancaire :
- Agents immobiliers
- Notaires
- Avocats
- Assureurs
- Plateformes numériques
Si ces acteurs ne sont pas supervisés directement par l’autorité, ils devront tout de même se conformer à un cadre unifié, appliqué via les régulateurs nationaux et contrôlé de manière indirecte.
Le renforcement des standards implique une meilleure formalisation des politiques internes, une adaptation des outils de détection et une traçabilité sans faille des actions menées. Les exigences de conformité s’alignent désormais sur celles du secteur financier, avec les mêmes niveaux d’exigence documentaire et opérationnelle.
Une mise à niveau incontournable
Tous les acteurs concernés devront intégrer les nouveaux critères d’évaluation du risque fixés par l’AMLA. Cela suppose une meilleure structuration des données, une approche dynamique des profils clients ou usagers et des outils capables d’analyse comportementale dans la durée.
La montée en puissance de l’AMLA accélère ainsi un mouvement de fond : celui d’une conformité active, contextualisée, pilotée par la donnée. Un changement de paradigme que nul ne peut désormais ignorer.
Comment anticiper les exigences de l’AMLA avec une RegTech
Face à l’uniformisation des normes européennes portée par l’AMLA, les solutions RegTech s’imposent comme des leviers essentiels pour anticiper, s’adapter et automatiser la conformité réglementaire. Elles offrent aux établissements la possibilité de transformer des contraintes en avantages opérationnels.
L’objectif n’est plus seulement de se mettre en conformité, mais de le faire de manière proactive, en temps réel et à l’échelle des exigences européennes. Les RegTech permettent par exemple de :
- Centraliser et structurer les données clients dans un format exploitable par l’intelligence réglementaire
- Détecter les comportements à risque grâce à des outils de scoring dynamique
- Générer automatiquement des rapports conformes aux exigences de traçabilité imposées par l’AMLA
- Suivre les évolutions réglementaires grâce à des mises à jour intégrées
Cette capacité à modulariser la conformité permet aux entreprises, y compris non-financières, de rester alignées sans perturber leurs flux métiers. C’est là que des acteurs comme AP Solutions IO se distinguent : en intégrant leurs solutions dans les environnements métiers existants, ils offrent une conformité active, fluide et contextualisée.
Vers une conformité harmonisée, portée par l’AMLA
La création de l’AMLA marque un virage stratégique pour la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme à l’échelle européenne. En centralisant les responsabilités, en renforçant les contrôles et en imposant une lecture homogène du risque, cette nouvelle autorité oblige tous les acteurs à repenser leur approche de la conformité réglementaire.
Du renforcement des obligations pour les établissements financiers à la montée en compétence des secteurs non-financiers, chaque point abordé dans cet article confirme une tendance de fond : celle d’une conformité plus structurée, plus technologique, mais aussi plus exigeante.
L’AMLA incarne un changement de paradigme, où la capacité à anticiper, tracer et contextualiser les risques devient un véritable levier de sécurité et de performance.
Dans cette perspective, les entreprises ont tout à gagner à s’appuyer sur des solutions RegTech capables d’évoluer avec le cadre européen.

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